C’est la question que se sont posés tous les naturalistes et les amoureux de Tronçais qui depuis des années sillonnent la forêt chaque automne au moment du brame. C’est la question que se posent nombre de chasseurs à l’issue de la saison de chasse qui touche à sa fin. Pourtant, contrairement aux mâles dont certains peuvent, en dehors de la période de rut, quitter le massif et se réfugier dans des bois parfois très éloignés, les biches sont relativement « sédentaires ».
Et si elles n’étaient plus, tout simplement ?
– Plus en nombre suffisant, en tous les cas, pour maintenir le niveau de population moyen qui n’a guère posé de problèmes durant les deux ou trois décennies écoulées ….
– Plus en nombre suffisant, pour permettre une occupation des différents massifs et bois environnants ….
– Plus en nombre suffisant, pour assurer un accroissement qui autorise durablement leur chasse ….
– Plus en nombre suffisant pour attirer bien longtemps encore à Tronçais les visiteurs occasionnels ou assidus ….
Pourtant elles sont essentielles !
– Ce sont les biches adultes qui mettent bas,
– Ce sont les biches adultes qui assurent l’élevage des jeunes, durant leurs deux premières années de vie,
– Ce sont les biches adultes qui conduisent les hardes,
Elles sont essentielles au bon équilibre de la société des cervidés qui repose sur le matriarcat ….
Ceci n’est pas le fruit du hasard,
Mais le résultat de plans de chasse beaucoup trop élevés depuis quelques années : le nombre d’animaux qui peuvent être tués légalement est supérieur au nombre d’animaux dénombrés avant naissance !
– Beaucoup trop élevés, puisque le nombre d’animaux comptés est en chute …
– Beaucoup trop élevés, puisque leur taux de réalisation se situe aux environ des deux tiers malgré une pression de chasse énorme ….
– Beaucoup trop élevés, puisque des secteurs où massifs entiers sont désertés ….
– Beaucoup trop élevés, puisque le produit de la vente des bracelets, pourtant bon marché, est bien supérieur au montant des dégâts indemnisés, malgré une hausse considérable du prix des céréales ….
– Beaucoup trop élevés, parce qu’ils sont établis à partir de demandes individuelles ….
– Beaucoup trop élevés, parce qu’ils sont attribués pour des secteurs beaucoup trop petits au regard de l’espace vital de ces animaux ….
– Beaucoup trop élevés, parce que ces demandes sont établies avant la fin de la saison de chasse et avant les comptages de printemps ….
Pourtant il est possible de faire autrement !
Il suffit d’analyser dans un premier temps les résultats des réalisations de la saison écoulée et des comptages, de déterminer alors le nombre total d’attributions (gestion quantitative), puis de répartir les bracelets en fonction des densités connues sur des zones cohérentes à l’échelle de l’animal (gestion spatiale). Cette première répartition devra être enfin affinée et respecter à la fois l’équilibre de l’espèce (gestion qualitative) et une certaine équité entre les chasseurs (gestion économique).
– On sait que lorsque l’on dénombre un peu plus de cinq cent animaux lors des comptages nocturnes de printemps, on peut en prélever un peu moins de trois cent durant la saison de chasse suivante dans l’ensemble du département et maintenir un niveau de population stable durant vingt ans, sans porter atteinte au milieu.
– On sait également qu’il faut prélever environ un tiers de faons, un tiers de biches et un tiers de cerfs et veiller au vieillissement d’un nombre suffisant de mâles et femelles pour avoir une population équilibrée.
Pourquoi ne pas le faire avant qu’il ne soit trop tard !
Soyons plus que jamais attentifs à cette évolution, mettons en oeuvre dès maintenant une gestion encore meilleure en prenant en compte ces dernières observations unanimes.
Avec entente et consensus entre les hommes de tous horizons il sera alors possible de perpétuer l'espèce Cervidé.
Portons toute notre attention à la mère du tout grand Cerf de demain qui fera rêver nos enfants.