Tout au long de l’année écoulée, nous avons poursuivi nos activités habituelles liées à la connaissance des animaux, à la diffusion de nos observations et idées, en particulier auprès de jeunes publics. Nous avons également poursuivi nos échanges avec les acteurs locaux engagés dans le projet « Tronçais, forêt d’exception ». Nous vous proposons aujourd’hui un bilan de l’année 2018.

L’hiver, la chasse

Nous avons répertorié 115 mâles tués durant la saison (aux prélèvements légaux, il convient d’ajouter 11 cadavres retrouvés). La plupart d’entre eux ont été présentés le 6 avril à Cérilly à l’occasion de l’exposition annuelle des trophées organisée par la Fédération des Chasseurs de l’Allier. Le tableau se décompose ainsi : 31 cerfs portant de dix à quatorze cors, 45 cerfs portant de deux à neuf cors et 39 daguets. 

Nous notons quelques points noirs : l’ouverture anticipée de la chasse du 1er au 15 septembre, le prélèvement de 4 cerfs mulets. Au regard de l’absence d’impact sur la nécessaire régulation de la population de cervidés, ces pratiques très négatives en terme d’image, et pouvant s’avérer dangereuses devraient être rapidement abandonnées dans un massif labélisé « Forêt d’exception », soucieuse de préserver son patrimoine naturel et d’accueillir au mieux un public toujours nombreux. Enfin, la politique départementale d’élimination systématique des grands cervidés en dehors du pays de Tronçais reste incompréhensible. La volonté d’extermination (qui se traduit par l’octroi pléthorique de bracelets indifférenciés) et de confinement sur un territoire restreint ne sont pas des objectifs de gestion admissibles d’une population d’animaux sauvages pour un département rural qui compte plus de 120 000 hectares de bois et forêts.

Le printemps, l’heure du bilan

82 cerfs, 467 biches bichettes et faons ont été dénombrés lors des comptages nocturnes organisés par l’ONF auxquels  quelques-uns de nos membres ont participé les 14 et 15 mars. On note une stabilité des effectifs sur l’ensemble des secteurs sauf en ce qui concerne le nombre de biches, bichettes et faons vus à l’ouest du massif. On peut raisonnablement penser que les incessantes opérations de destruction menées depuis deux saisons sur le secteur contigüe d’Epineuil expliquent cette présence importante de femelles et jeunes dans une zone où ils étaient habituellement rares.

Lors de notre exposition du 8 juin à Vitray, nous avons pesé et mesuré les mues de l’année d’une quarantaine de cerfs (et d’autant des années antérieures) présentées par nos membres et par les contributeurs volontaires. La tendance à la baisse se confirme.

Au final, le déséquilibre global de la population semble s’accentuer et il conviendrait sans aucun doute d’épargner et de laisser vieillir les mâles.

L’été, à la rencontre du public

Nous avons participé aux travaux du comité de pilotage «Tronçais, forêt d’exception» et à diverses réunions avec l’ONF. Ces rencontres, visites de terrain et échanges ont abouti à la création d’un observatoire à destination du public. Ce projet, dont nous avions lancé l’idée quelques années plus tôt, a été piloté par la municipalité de Vitray. Cet équipement a été installé dans la zone de quiétude en juillet. Quelques photos illustrant les panneaux d’information, concernant exclusivement la vie des cervidés, ont été offertes par des membres de Faune Sauvage.

Les 1er, 2 et 3 juin, nous avons exposé quelques photos d’oiseaux d’eau et tenu un stand SAFT au Festival international Arts Nature d’Ainay-le-Vieil

Le 2 juin dernier, à l’occasion de l’Assemblée Générale du Conservatoire des Espaces Naturel, nous avons animé avec l’agent patrimonial ONF une balade de découverte en forêt domaniale des Prieurés Gros Bois. Ce fût l’occasion de présenter le travail des naturalistes bénévoles et l’application concrète, par les agents de l’ONF, des mesures de protection nécessaires à la sauvegarde des espèces de rapaces toutes protégées.

Nous avons aussi proposé quatre séquences auprès de lycéens : « Une vie de cerf », « Le cerf en pays de Tronçais », « Le brame du cerf»,  « Rapaces diurnes des forêts du Bourbonnais ». 

L’automne, le brame

La période de quiétude a été reconduite dans la zone habituelle sur la commune de Vitray du 15 septembre au 15 octobre.

Nous constatons une évolution positive des pratiques : bien que le nombre de spectateurs reste extrêmement élevé sur les sites actifs, ceux qui tentent d’approcher les animaux et mettent ainsi fin au spectacle sont proportionnellement moins nombreux. Ce constat nous incite à poursuivre les efforts d’information et d’éducation. 

Nous notons également les efforts des adjudicataires en forêt domaniale en ce sens : plus de tir de cerf à l’approche au brame, première chasse à courre le dernier jour de septembre, première prise en octobre. Il est d’autant plus dommageable que plusieurs battues aient été organisées par quelques riverains dans les enclaves privées durant ce mois. 

Le 21 septembre dernier, nous avons organisé notre sixième comptage des cerfs bramant (à découvrir ici). 90 cerfs ont été entendus ce soir là en forêt de Tronçais.

Le lendemain, lors de la Fête du brame organisée par nos amis de Vitray Festivités, après l’inauguration de l’observatoire, nous avons tenu un stand, présenté quelques photos, diaporamas et films réalisés par nos membres. Le succès fût au rendez-vous et nous avons répondu aux questions des visiteurs nombreux et intéressés jusqu’à une heure avancée de la soirée. 

Quelques propositions pour 2019

Depuis la création de notre groupe, nous n’avons cessé d’échanger avec tous, agriculteurs riverains, amoureux de la nature, associations, chasseurs, chercheurs de mues, élus locaux, forestiers, habitants du pays de Tronçais, naturalistes, passionnés de cerfs, simples visiteurs….

De ces échanges, de notre connaissance des pratiques en d’autres régions ou pays, des convictions que nous nous sommes ainsi forgées, émanent quelques idées concrètes dont nous espérons qu’elles permettent d’améliorer localement la situation de ces animaux exceptionnels que nous admirons. Bien au-delà du noble gibier qu’ils représentent aux yeux du chasseur, ils sont l’image emblématique d’un patrimoine naturel commun. 

Dans l’idée de limiter les pertes dites « annexes », nous proposons à l’ONF, à la Fédération des Chasseurs la tenue d’un « Doodle » où chacun inscrirait en temps réel la découverte de tout cadavre.  Cet outil destiné prioritairement à l’ONCFS, (à qui nous communiquons déjà nos informations), pourrait contribuer à la lutte contre le braconnage.

Dans l’esprit d’un plus juste partage du temps et de l’espace public, nous avons de nouveau proposé au représentant de monsieur le Préfet de faire coïncider l’ouverture de la chasse des cervidés avec la fin de la période de quiétude au brame qui pourrait ainsi s’étendre en 2019 du 1erseptembre au 7 octobre. Une telle mesure permettrait de fait une totale sécurité pour tous les utilisateurs de la forêt durant cette période de grande affluence, et surtout elle validerait la nécessité biologique de respecter la compétition naturelle pour l’accès à la reproduction de l’espèce.

Nous lui avons également redit la nécessité de mettre un terme à l’attribution de bracelets cervidés indifférenciés : il n’est de gestion que qualitative.