Cerf en forêt de Tronçais

Nous nous engageons à publier toute réponse ultérieure

Faune Sauvage en pays de Tronçais, Société des Amis de la Forêt de Tronçais
À
Madame La Préfète de l’Allier

Cérilly, le 09 mars 2019

Madame La Préfète,

Faune Sauvage est un groupe d’observateurs de la faune, passionnés de cerfs : chasseurs, naturalistes, agriculteurs, chercheurs de mues, photographes, cinéastes animaliers. Membres de la Société des Amis de la Forêt de Tronçais depuis 2010, nous nous sommes engagés à travailler ensemble à une meilleure connaissance des populations pour tenter d’apporter l’expertise nécessaire aux décisionnaires dans un souci de préservation et d’amélioration. Dans ce but, nous recueillons et analysons toutes les informations relatives à l’espèce dans le département transmises par un réseau de dizaines de contributeurs. Ces observations rigoureuses ainsi que la compilation de toutes les données objectives nous apportent une connaissance à la fois quantitative et qualitative de la population, en particulier des mâles que nous identifions et suivons individuellement au fil des ans. Dans un esprit de transparence, de dialogue, de respect des institutions, des décideurs et des acteurs de terrain, nous élaborons des propositions équilibrées inspirées de pratiques expérimentées dans d’autres régions ou pays proches.

Comme nous l’avons fait auprès de vos prédécesseurs, des responsables de l’Office National des Forêts et des chasseurs, nous tenons à attirer votre attention sur trois points qui nous semblent fondamentaux pour une amélioration de la situation des cervidés dans le département, la sauvegarde et le développement de ce patrimoine naturel commun. 

Tout d’abord, dans l’esprit d’un plus juste partage du temps et de l’espace public, nous proposons de fixer l’ouverture de la chasse des cervidés à la fin de la période de quiétude au brame qui pourrait ainsi s’étendre du 1erseptembre au 7 octobre 2019. Une telle mesure, déjà en vigueur dans plusieurs départements, permettrait une réelle sécurité pour tous les utilisateurs de la forêt durant cette période de très grande affluence, et elle validerait la nécessité biologique de respecter la compétition naturelle pour l’accès à la reproduction de l’espèce. Nous notons d’ailleurs les efforts des adjudicataires de chasse en forêt domaniale en ce sens : pas de tir de cerf au brame, première prise à courre en octobre. Il est d’autant plus dommageable que quelques battues organisées dans les enclaves privées durant cette période cruciale pour les animaux et tellement attractive pour les humains ruinent ces évolutions positives.

Nous voulons aussi vous dire l’urgence de mettre un terme à l’attribution de bracelets cervidés indifférenciés. Cette pratique aveugle d’abattage, au delà de l’image désastreuse qu’elle véhicule, contribue très largement au déséquilibre global de la population qui semble s’accentuer. Il conviendrait sans aucun doute d’épargner et de laisser vieillir beaucoup plus de mâles pour tendre vers un ratio acceptable des sexes et des âges : il n’est de gestion que qualitative.

Enfin, la politique départementale d’élimination systématique des grands cervidés en dehors du pays de Tronçais reste incompréhensible. Cette volonté de confinement sur un territoire restreint n’est pas à nos yeux un objectif admissible pour une population d’animaux sauvages dans un département rural qui compte plus de 120 000 hectares de bois et forêts. 

L’opposition à la réintroduction du cerf en Montagne Bourbonnaise, où il pourrait être un formidable vecteur de développement pour l’économie locale, en est l’illustration. Nous sommes convaincus qu’il n’est pas raisonnable de se priver de l’atout majeur qu’il pourrait représenter pour la plupart de ses habitants. 

Nous espérons que vous serez sensible à ces arguments, largement partagés par une grande majorité de nos concitoyens, et nous nous tenons à votre disposition pour les développer de vive voix ou par tout autre moyen que vous jugeriez utile.

Nous vous prions de croire, Madame la Préfète, en l’expression de notre profond respect.

                                                                                  Le Coordonnateur Faune Sauvage

Jean-Jacques LIMOGES

NB : Nous publierons ce courrier sur notre site dans deux semaines, accompagné de votre éventuelle réponse.