Dans un précédent article, nous affirmions que lorsque l’on dénombre un peu plus de cinq cent animaux en pays de Tronçais lors des comptages nocturnes de printemps, on peut en prélever un peu moins de trois cent durant la saison de chasse suivante dans l’ensemble du département et maintenir un niveau de population stable durant vingt ans, sans porter atteinte au milieu.
 
Nous nous proposons d’étayer cette affirmation par une étude simple des chiffres officiels pour la période 1991-2011. Nous partons du principe que ces chiffres fournis par l’Office National des Forêts et la Fédération des Chasseurs de l’Allier sont exacts. Nous savons que ces chiffres ne constituent que des minimums certains puisqu’il est impossible de répertorier tous les animaux prélevés (le braconnage et les dépassements de plans de chasse ne font pas tous l’objet de procédures) et bien sûr tous les animaux ne sont pas vus lors des comptages aux phares.
 

 
 


 
En additionnant le nombre d’animaux tués durant la saison de chasse et le nombre d’animaux vus lors du meilleur comptage, on obtient le nombre minimum certain d’animaux. Le pourcentage de prélèvements correspond à la proportion d’animaux tués par rapport à la population totale après naissance. (Exemple pour 2010-2011 : 423 cervidés tués + 458 vus au comptage en fin de chasse = 881 animaux présents, 48 % d'entre eux ont été tués)
 
Nous vous proposons, ci-dessous, un tableau récapitulatif de cette étude où nous relevons certaines anomalies pour lesquelles nous tentons d’apporter quelques éléments de réflexion.
 


Saison Présents
(minimum
Tués 
(dans le département)
Vus 
aux comptages
Pourcentage  de
prélèvements
1991/1992 725 230 495 32 %
1992/1993 747 220 527 29 %
1993/1994 634 269 365 42 %
1994/1995 708 264 444 37 %
1995/1996 659 233 426 33 %
1996/1997 695 227 468 33 %
1997/1998 726 224 502 31 %
1998/1999 675 232 443 34 %
1999/2000 678 208 470 30 %
2000/2001 663 217 446 33 %
2001/2002 674 228 446 34 %
2002/2003 791 273 518 40 %
2003/2004 760 266 494 35 %
2004/2005 871 236 635 27 %
2005/2006 902 285 617 32 %
2006/2007 972 309 673 32 %
2007/2008 818 372 446* 45 %
2008/2009 1171 409 762** 35 %
2009/2010 1051 466* 585 44 %
2010/2011 881 423* 458 48 %
Total 15701 5591 10110 36 %
Moyenne 785 280 505 36 %


* 446 : le nombre « anormalement faible » d’animaux comptés en 2008 pourrait s’expliquer par les mauvaises conditions météorologiques.

** 762 : le nombre « anormalement élevé » d’animaux comptés en 2009 pourrait provenir d’une « sous-estimation » des effectifs en 2008, d’un « apport extérieur » d’animaux, d’un nombre « exceptionnel » d’animaux vus ou d’un cumul de plusieurs de ces facteurs.

En conclusion, il n’est ni possible, ni même utile, de connaître le nombre exact de cervidés pour établir un plan de chasse à partir des indications fournies par l’analyse des réalisations et des comptages. Les prélèvements effectués en 2009/2010 et 2010/2011 sont, à l’évidence, excessifs et expliquent clairement la chute des effectifs. Le nombre pléthorique d’animaux attribués est sans commune mesure avec la réalité du cheptel.

Il faut espérer qu’un faible taux des réalisations en 2011/2012 permette de conserver un niveau de population acceptable (il est pourtant déjà bien bas pour un département qui compte tout de même plus de cent vingt mille hectares de bois et forêts !) et proposer pour 2012/2013 une baisse significative des attributions (s’appuyer sur vingt années d’expérience semble assez raisonnable).