Le 31 décembre dernier, lors de son dernier laisser-courre 2011, le Rallye l’Aumance a pris un cerf exceptionnel portant 21 cors que nous suivions depuis quelques années. Cette action de chasse, certes tout à fait légale, a suscité de très vives réactions et pose question en pays de Tronçais.
Tous passionnés de cerf, nous regrettons la perte d’un animal d’une grande beauté, d’une valeur patrimoniale indéniable qui aurait pu transmettre durant encore quelques saisons un potentiel génétique inégalé à ce jour dans notre département et nous désapprouvons cet acte.
D’autant que le Rallye l’Aumance, connu pour ne pas rechercher à tout prix les plus beaux trophées, avait envoyé un signal fort quand à la nécessité de laisser vieillir ses meilleurs géniteurs en graciant un autre des cerfs remarquables de Tronçais en octobre dernier. Pourquoi alors, n’a-t-il pas renouvelé cet acte ? Les contraintes qui pèsent sur l’adjudicataire du courre, – menace de transfert au tir des animaux non pris en vènerie, dans le cas où l’équipage ne réaliserait pas le nombre minimum de prises, perte possible de journées de chasse à courre pour les saisons à venir -, ont-elles dicté cette décision pour le moins regrettable. Eviter d'attaquer, ou gracier, les rares animaux «d'exception » ne devrait pourtant pas modifier de façon significative les résultats de la saison.
Nous craignons les possibles conséquences à court et moyen termes. Certains chasseurs au cœur du massif, dans les forêts alentour ou dans les bois privés se sont orientés depuis quelques mois, quelques années pour certains vers une modération de leurs prélèvements de ces grands mâles : c’est un des facteurs essentiels de l’avènement récent d’une génération que nous n’avions jamais connue par le passé. Au regard de leurs réactions à chaud, teintées d’incompréhension, d’amertume -voire de colère- que beaucoup nous ont fait parvenir, nous redoutons que quelques-uns se saisissent de l’occasion pour laisser libre cours à la tentation de tirer les plus beaux cerfs de leur secteur.
Fidèle à ses convictions et malgré la déception unanimement partagée par l’ensemble de ses membres, Faune Sauvage a décidé de rester dans une démarche constructive, de tirer profit de ce qu’elle considère comme une erreur pour avancer de nouvelles propositions.
Ainsi, nous proposerons dans un prochain article adressé tant aux décideurs qu’aux chasseurs une liste de ces quelques « animaux d’exception » indispensables dans une « forêt d’exception ». Nous sommes dès aujourd’hui en capacité d’établir une fiche d’identité pour la plupart de ces sujets et prêts à rencontrer tous ceux qui le souhaitent pour exposer l’intérêt de ce type de gestion et les bénéfices que chacun doit en retirer à échéance de quelques années.
Nous souhaitons, qu’à terme, une charte de bonnes pratiques comportant engagements effectifs et dispositions concrètes permette de préserver, voire d’accroître, ce patrimoine vivant qui est notre bien commun.
Au regard des résultats enregistrés par nos amis belges du massif de Saint-Hubert qui pratiquent de la sorte depuis une vingtaine d’années, nous serions stupides de ne pas essayer en Allier.