Les acteurs ne semblent pas encore avoir pris la mesure de la situation actuelle du cerf dans l’Allier.
1- La population continue de chuter.
Malgré une baisse déjà considérable du nombre de cervidés recensés en pays de Tronçais (765 en 2009, 420 en 2012), la Fédération des Chasseurs de l'Allier et l'Office National des Forêts ont obtenu le droit d’en prélever beaucoup plus (436 en pays de Tronçais, 531 pour le département) qu’il ne peut en naître (on compte, en moyenne, 286 naissances pour 508 animaux vus).
Le plus préoccupant, à nos yeux, est la diminution notoire du nombre de biches, premières garantes de la pérennité de l’espèce.
2- Les animaux qui s’aventurent hors du massif sont décimés.
Les attributions pléthoriques et indifférenciées dans des secteurs au potentiel d’accueil considérable, où les dégâts sont minimes voire nuls, témoignent davantage d’une volonté d’éradication que d’un quelconque désir de gestion raisonnée.
Le territoire se réduit encore et les risques d’isolement et d’appauvrissement génétique s’accroissent.
3- Les meilleurs reproducteurs sont tirés au brame.
Malgré l’opposition de l’immense majorité des usagers de la forêt et des habitants de la région, malgré la dangerosité avérée des tirs, malgré l’inutilité de cette pratique, elle s’est poursuivie cette année encore, avec l’impact négatif, attendu, tant sur la reproduction de l’espèce que sur la quiétude des lieux et la sécurité de leurs hôtes humains.
4 – Les rares cerfs remarquables ne sont pas épargnés.
Les deux principaux détenteurs de plan de chasse ne montrent guère l’exemple, malgré un discours modéré en la matière. Ainsi le rallye l’Aumance vient de prendre à courre le plus grand cerf de Tronçais et l’agent patrimonial avait fait tirer au brame le plus prometteur de ses successeurs dans les conditions que l’on connaît.
5 – Les pertes annexes restent importantes.
La découverte de plusieurs mâles morts dans des conditions douteuses et l’absence de quelques animaux d’avenir sur leurs places de brame laissent craindre des prélèvements supplémentaires, plus ou moins légaux ?
Alors que toutes les observations de terrain viennent confirmer l’aggravation de la situation, rien ne semble devoir changer. Les autorités compétentes disposaient-elles d’informations objectives ? On peut en douter.
2013 : Quelles perspectives ?
Nous sommes allés exposer ce constat à Monsieur le Sous Préfet de Montluçon chargé par Monsieur le Préfet du dossier. Nous avons pu développer librement nos arguments et nos propositions et nous les en remercions vivement. Nous avons le sentiment d’avoir été écoutés. Nous espérons que nos mises en garde seront prises en compte lors des prochaines commissions. Nous n’ignorons pas toutefois qu’elles sont composées très majoritairement de membres qui défendent quelques intérêts particuliers. Et dans la mesure où le dépôt des demandes de plans de chasse pour la saison à venir se fera le 15 février alors que les résultats des prélèvements réalisés et des comptages ne seront pas encore connus, nous pouvons redouter de nouveaux excès au niveau du nombre d’attributions !
En procédant de la sorte, les cheptels, pourtant abondants, ont quasiment disparu de grands massifs comme Chaux, Compiègne, Fontainebleau, Is-sur-Tille, Halatte … réputés de longue date pour la qualité de leurs cervidés.
Propositions
Nous proposons que les demandes de plan de chasse soient établies après que l’état réel des populations soit connu. On peut imaginer que les attributions retrouvent alors un niveau plus raisonnable, en rapport avec les capacités d’accroissement prévisible.
Il est encore temps de prendre les dispositions nécessaires pour éviter que les forêts de l’Allier ne se vident pour longtemps de leurs nobles hôtes.