Le niveau de population reste très en deçà de la capacité d’accueil
Une population moyenne sur 20 ans de 508 animaux avant naissance sur les 12000ha n’a pas mis en péril le massif : le CEMAGREF conclut à l’absence d’impact biologique selon l’étude réalisée en 2006, alors que la population recensée était à un niveau supérieur à la moyenne (673 animaux au comptage).
Le département dispose d’une superficie de 123 000 hectares boisés. Par projection, on peut raisonnablement en déduire qu’il pourrait abriter 5 000 cervidés.
D’autant que la capacité nourricière augmente et va continuer à augmenter dans les forêts publiques avec les nouvelles pratiques sylvicoles. A terme, grâce aux cloisonnements, environ 35% des parcelles en régénération seront disponibles aux plantes herbacées et aux ronces !
Il n’y a pas de risque d’explosion de la population, mais un risque de raréfaction et d’appauvrissement génétique
En 20 ans (1991-2010) on note une augmentation de 17 % de la population avant naissance soit moins de 1 % par an, avec un prélèvement effectif moyen de 272 animaux. Le taux moyen d’accroissement annuel est donc d’environ 36 %.
En une seule saison de chasse (2009-2010) on a pu tuer 466 animaux, soit 167 % du taux moyen de prélèvement et 45 % de la population totale.
Le cerf est rare dans le département et isolé à Tronçais
Le cerf est absent dans la plupart des massifs du département : il a disparu de certaines forêts du territoire d’étude et se fait rare dans certains secteurs du pays de Tronçais.
La volonté de limiter le territoire de la population de cervidés au seul massif de Tronçais entraîne sa concentration sur quelques zones. Ceci est d’autant plus préjudiciable que ces secteurs se situent à l’endroit où la valeur sylvicole est la plus forte.
Enfin, l’absence de passage à gibier au-dessus de l’A71 a interdit le passage naturel des animaux et les échanges traditionnels de population avec le massif de Bornacq.
Le cerf est un problème mineur, mais un atout majeur pour la région
Certes le cerf commet des dégâts, mais ils sont de moindre importance que ceux engendrés par le sanglier. A deux ans, une laie peut avoir mis bas 3 fois pour des portées de 4 à 8 marcassins, une biche aura élevé un seul faon au même âge!
Par contre, le cerf, au-delà de la valeur patrimoniale qu’il apporte au pays de Tronçais, génère de nombreuses retombées financières. Des apports directs, par le biais des revenus de la chasse, mais également indirects au travers de l’écotourisme, en particulier en septembre octobre, au moment du brame, où il constitue de loin, l’attrait principal de la région.
Enfin il contribue au maintien de la population dans les villages : nombre de passionnés, naturalistes, chasseurs, suiveurs, photographes ou cinéastes animaliers ont choisi de vivre en Pays de Tronçais pour cette unique raison. Ces passionnés de cerfs participent ainsi au maintien des petits commerces locaux.
Le cerf est un bien commun que l’on peut valoriser
Les forêts domaniales sont notre bien commun, au même titre que les animaux qui les peuplent. Les uns et les autres ne sont pas la propriété exclusive des forestiers qui les exploitent.
En ce qui concerne le cerf, quelques personnes décident de l’avenir de ce patrimoine rare qui est nôtre : il nous apparaît essentiel qu’elles disposent de tous les éléments utiles pour pouvoir assumer la responsabilité d’une gestion qui se doit d’être exemplaire dans le cadre d’une forêt « d’exception ».
Améliorer la qualité de ses populations, étendre sa répartition géographique, aménager les espaces et organiser accueil et information, c’est accroître un potentiel patrimonial, naturel, mais aussi économique largement sous-estimé.